Lettre au Président Biden affirmant le soutien à Julian Assange et au journalisme, le 1er février 2024
French translation of "I Am Julian Assange" letter posted on February 1
A fellow Substacker and one of our readers, Zanzibar, has translated the brilliant letter written by MC Armstrong, originally posted on Honest Media on February 1, into French. We are sharing this translation as a nod to the fact that Assange has inspired journalists and defenders of free speech all around the world in numerous languages. The linked page contains 21 articles in French about Assange. We encourage reaching as many readers, and cultures, as possible.
Par M.C. Armstrong, le 1er février 2024, Honest Media
Monsieur le Président Biden,
La dernière chance de Julian Assange se joue ce mois-ci. Le 20 février, le fondateur de Wikileaks se présentera devant la Haute Cour de Londres pour plaider l'injustice de son extradition vers les États-Unis, approuvée par la Grande-Bretagne.
En quoi consiste le procès d'Assange ? D'un point de vue juridique, il s'agit de 18 chefs d'accusation pour avoir prétendument transmis des documents classifiés au public. D'un point de vue pratique, il s'agit de criminaliser le journalisme courageux et de réduire au silence les opinions divergentes. Selon Jonathan Turley, professeur de droit à Georgetown, les poursuites engagées contre Julian Assange pourraient constituer "l'affaire la plus importante en matière de liberté de la presse aux États-Unis depuis 300 ans".
Turley n'est pas le seul expert alarmé par les poursuites engagées par le ministère de la justice à l'encontre de ce journaliste. L'ancien rapporteur spécial des Nations unies, Nils Melzer, a affirmé que la conduite des présidents Donald J. Trump et Joe Biden dans cette affaire s'apparente à de la "torture" et constitue une violation flagrante des droits de l'homme, comme le souligne un article de Doctors for Assange dans le Lancet. Le New York Times, le Guardian, Der Spiegel, Le Monde, El País, Amnesty International et Human Rights Watch ont tous exprimé leur solidarité envers Assange, tout comme les candidats à l'élection présidentielle américaine Cornel West, Marianne Williamson, Vivek Ramaswamy, Tulsi Gabbard ou encore Robert F. Kennedy Jr. Comme l'a écrit Kennedy en mars 2023, "Il n'y a pas d'Amérique sans une presse libre. Il n'y a pas de presse libre sans un Julian Assange libre".
Ces voix qui se multiplient chaque jour davantage veulent mettre un terme à ce qui s'apparente à une cruelle mascarade. Mais la justice ne peut être rendue sans un véritable mouvement du peuple américain. Pourquoi l'Amérique profonde devrait-elle se préoccuper du sort de ce journaliste australien et de l'organisation médiatique fondée par Julian Assange en Islande, Monsieur le Président ? Parce qu'Assange a risqué sa vie pour défendre des Américains en danger.
Dix ans avant la mort de votre fils, Beau, et de tant d'autres soldats américains qui ont perdu la vie à cause d'une exposition toxique en Irak et en Afghanistan, Assange et Wikileaks ont publié un mémo de l'armée de l'air des États-Unis datant de 2006 et documentant les effets toxiques des fosses d'incinération, ces installations de déchets à ciel ouvert qui ont été l'agent orange de la génération de la guerre éternelle. Le gouvernement estime que 3,5 millions d'anciens combattants américains (sans parler des Afghans et des Irakiens) ont été exposés à ce "tueur silencieux", ou à ce que l'universitaire Rob Nixon appelle la "violence au ralenti".
En 2008, lors d'un reportage à Haditha, j'étais l'un de ces Américains exposés aux fosses d'incinération. Le journalisme d'Assange a sauvé des vies et fait évoluer le discours. Assange a courageusement demandé des comptes à des entreprises (telles que Monsanto et Kellogg, Brown, Root, qui s'occupaient des fosses d'incinération de Haditha) en attirant l'attention sur leurs actions en public par l'intermédiaire de Wikileaks. Il a risqué sa vie pour défendre les Américains qui, aujourd'hui encore, meurent des suites des guerres en Irak et en Afghanistan.
Matthew Hoh, vétéran de la guerre mondiale contre le terrorisme et candidat au Sénat de Caroline du Nord en 2022, affirme que "le "crime" commis par Edward Snowden et Julian Assange a été de faire savoir au peuple ce que faisait notre gouvernement. La persécution dont ils font l'objet est une honte nationale". Snowden lui-même a plaidé pour la libération d'Assange, affirmant que cette affaire marque un "moment sombre" dans l'histoire des États-Unis, comme l'a rapporté Reuters.
Mais l'accord au sein de la communauté des vétérans ne provient pas seulement de la génération de la guerre éternelle. Oliver Stone, vétéran du Viêt Nam et réalisateur, a lui aussi pris la défense de Julian Assange en écrivant : "Je suis Julian Assange parce que je pourrais être le prochain et que vous pourriez l'être aussi. Voulez-vous que votre gouvernement dise aux journalistes du monde entier ce qu'ils peuvent ou ne peuvent pas publier ?".
Le légendaire lanceur d'alerte de la guerre du Viêt Nam, Daniel Ellsberg, auteur des Pentagon Papers, fait écho à l'appel de Stone pour que les Américains s'identifient à l'annulation, à la diffamation, à la persécution, aux poursuites judiciaires et à la torture d'Assange. Pour Ellsberg, décédé récemment et qui a été inculpé en vertu de la loi controversée de 1917 sur l'espionnage, la liberté d'Assange était l'une de ses dernières volontés.
"Je suis Assange", a dit Ellsberg au cours de la dernière année de sa vie, comme l'a rapporté Newsweek. Il s'est joint à l'appel Spartacus de Stone et a amplifié l'argument de Kennedy selon lequel la torture d'Assange équivaut à la destruction du premier amendement et à la violation de tous les Américains qui chérissent la Constitution.
C'est pourquoi, à l'unisson avec Ellsberg, Stone, Snowden, Hoh, Kennedy, Gabbard, Ramaswamy, Williamson, West, Rashida Tlaib, Rand Paul, Ilhan Omar, Justin Amash, Thomas Massie, Matt Taibbi, Alice Walker, John Malkovich, John Cusack, Jeffrey Sterling, Terry Albury, Joe Rogan, Pamela Anderson, Glenn Greenwald, Amy Goodman, Tucker Carlson, Tom Morello, New York Times, The Guardian, Der Spiegel, Le Monde, El País, Human Rights Watch, Amnesty International et tant d'autres, Honest Media appelle le président Biden et le ministère de la justice à rétablir la Constitution américaine et à libérer le journaliste le plus important et le plus novateur du 21ème siècle.
Mr le President, libérez Julian Assange.
Pour plus d'informations sur cette affaire, suivez l'activisme et le journalisme de l'épouse de Julian, Stella Assange, et connectez-vous au compte à rebours de 24 heures avant l'audience sur la chaîne YouTube de Stella @StellaAssange:
https://substack.com/@stellaassangesubstack